mardi 3 juillet 2012

Pesticides, destruction de haies, autres dégradations... Réagir




 
Les haies, destruction et renaissance
Une humeur du Collectif pour la sauvegarde de la tête de bassin de St Gengoux, 2012








Quand les exploitants agricoles entretiennent la nature


Tandis que de plusieurs régions (éloignées) désertifiées à force de mauvaises pratiques industrielles et étatiques nous parviennent des nouvelles de leur spectaculaire restauration par les populations, la campagne française souffre d'une agression massive qui la menace d'un nouvel appauvrissement de la faune, de la flore et des sols ("Restauration des écosystèmes, restauration des sociétés", sur le site, et en anglais sur le blog).

Sous prétexte qu'ils sont "propriétaires" du sol, des exploitants agricoles massacrent allégrement la végétation : bords de rivières et d'étangs, boqueteaux, haies, talus et chemins, tous les bocages. Leur obsession : exploiter le moindre centimètre carré qui comptera dans l'attribution des grasses subventions encourageant, là comme ailleurs, toutes les dérives. Exemple parfait de détournement de l'argent public contre l'intérêt général. Une question : l'imagerie satellite à laquelle recourent les exploitants industriels ne contribue-t-elle pas à leur faire davantage oublier la réalité du terrain et à "optimiser" leur "exploitation" au détriment de l'écosystème ?

Après une cinquantaine d'années de saccages imbéciles – mais très rémunérateurs pour certains –, cinquante ans de ruine des campagnes et de dénonciations répétées, les boqueteaux et les haies sont encore couramment maltraités, les bords de route et de chemin aussi. Des engins lourds sont utilisés par les communes, des particuliers et même l'administration des routes. Ils témoignent ainsi d'une vieille haine structurelle de la nature, d'une culture anti-nature, sans aucune conscience de son absurdité et des dommages produits à long terme. Tondre en brosse, style Légion étrangère, l'ennemi de l'ordre et du "propre", tout ce qui dépasse, brins d'herbe, coquelicots, bleuets, orchidées, arbustes, arbres... Tout y passe. Même pendant la période de nidification, des haies sont réduites à l'état de paillassons par les "broyeurs" conduits par des gens sans aucune formation leur permettant de comprendre les végétaux et les animaux qu'ils abritent, sans connaissance de la campagne et dénués du minimum de curiosité et de sensibilité nécessaires au bon accomplissement de leur travail.

Mais cela n'est pas tout. A l'incompétence s'ajoute l'inadéquation des outils. A vrai dire, le massacre des haies est une nouvelle illustration du déterminisme de l'outil sur la plupart des comportements, voire sur les mentalités, au point de produire une nouvelle incompétence. Des gens, nombreux, deviennent incroyablement brutaux aux commandes d'engins brutaux. En l'occurence, les mâchoires des "broyeurs" industriels éclatent et déchirent les bois, jusqu'aux branches principales et aux troncs. Deux techniques sont particulièrement dévastatrices : les "broyeurs" à fléaux de chaînes et les "broyeurs" à marteaux dont les seules appellations permettent de deviner qu'elles ne devraient jamais approcher un être vivant, fut-il végétal. 





 


l'un des broyeurs utilisés par les services du département


Voici un "broyeur" à lames. Enfin, c'est ce qui est indiqué dessus. S'agirait-il d'une mention mesongère destinée à tromper l'élu et le quidam ? En fait de lames, on observe plutôt des pièces ressemblant à des marteaux, pièces non fixées articulées sur des anneaux qui, mises en rotation, frappent comme un fléau. A la fois fléau et marteau, pas étonnant que le passage de cet engin soit tout aussi destructeur que les fléaux de chaînes et les marteaux. Dans la mâchoire, les longues fibres arrachées démontrent la nuisibilité de la technique. D'une manière générale, toutes les machines mettant en rotation un cylindre hérissé d'outils (nom générique : épareuses) sont totalement inadaptées, nuisibles. Incompétence des conducteurs d'engins dont j'ai pu voir le travail, donc, mais que dire de l'incompétence des concepteurs, sans oublier celle de l'administration et des élus qui donnent les ordres et semblent ne s'apercevoir de rien ? Ignorance complète des végétaux, des animaux, des écosystèmes, indifférence, j'm'en-foutisme, ou pire...

Rien n'est épargné par les travaux d'entretien avec les engins industriels. Tout est broyé, même des jeunes arbres et des piquets de clôture ! Tous les végétaux sont gravement blessés par ces engins absurdes qui ne coupent pas, mais écrasent et explosent les bois. Les branches, les troncs sont éclatés, fendus sous le choc, parfois sur des dizaines de centimètres. Il n'y a pas meilleur pour stimuler la propagation des parasites et des maladies des végétaux.

Après le passage des Terminators, il n'y a plus de feuillage. Il n'y a même plus de fruits pour la régénération et pour nourrir les animaux. Les arbustes, la flore qui pousse à l'ombre et la micro-faune se retrouvent sans aucune protection, à nu, exposés au rayonnement solaire, au vent, en pleine sécheresse estivale, car l'administration et la plupart des exploitants commencent à tout ravager en août. Les insectes, les oiseaux et les petits mammifères n'ont plus de protection. Leurs habitats et leurs ressources alimentaires sont très fortement endommagés, voire détruits. Ils se retrouvent exposés aux attaques de leurs prédateurs, en particulier les rapaces qui, toujours grâce à l'agriculture industrielle et à ses machines tueuses, ont proliféré. Pas étonnant que les moineaux et les autres passereaux aient tant régressé. Quelle chance pour les parasites des cultures ! Tout l'écosystème – le bocage - régresse d'un coup. 


 

Répété chaque année, ce travail lamentable condamne les végétaux, les talus et les chemins creux, les populations animales et l'ensemble du bocage au dépérissement, et les campagnes avec.

A quand l'interdiction des "broyeurs" et autres engins lourds impropres à la taille des végétaux ?
A quand l'interdiction de la taille en été ?
A quand une formation obligatoire à l'écologie pour les exploitants agricoles et les employés du réseau routier ?

Les haies, le bocage, la faune et la flore sont des exemples où la propriété privée doit s'effacer devant l'intérêt général, car les biens communs (communaux) transcendent la propriété. A vrai dire, on peut faire exactement la même observation pour les sols. L'exemple de la dégradation des sols et de leur pollution par des exploitants industriels démontre que c'est la communauté qui souffre de leurs mauvaises pratiques et doit ensuite payer pour la restauration.

Un très bon document de la Ligue pour la Protection des Oiseaux Loire Atlantique :
loire-atlantique.lpo.fr entretien_des_haies2
<a href="http://loire-atlantique.lpo.fr/">http://loire-atlantique.lpo.fr/</a>

Pour choisir et planter une haie...
un guide conseils accessible sur le site de la province du Brabant Wallon :
<a href="http://www.brabantwallon.be/fr/Qualite-de-vie/Environnement/">http://www.brabantwallon.be/fr/Qualite-de-vie/Environnement/</a>

Arbres et paysages d'Autan, association d'agriculteurs du Lauragais soucieux de restaurer le paysage et de préserver leur environnement :
<a href="http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/spip.php?rubrique13">http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/spip.php?rubrique13</a>

Sur le site Futura Science, un très bon Plaidoyer pour la haie, par Frédéric Fève :
<a href="http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/zoologie-1/d/plaidoyer-pour-les-haies-decouverte-du-cincle-plongeur_294/c3/221/p2/">http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/zoologie-1/d/plaidoyer-pour-les-haies-decouverte-du-cincle-plongeur_294/c3/221/p2/</a>

Toujours sur ce sujet : un bon article de François Eeckman dans le numéro d'automne 2009 de la revue de l'association Maisons Paysannes de France :
"Entretien périodique des bords de route : arrêtons le massacre !"
François Eeckman nous apprend l'existence d'un autre matériel aux effets sensiblement aussi dévastateurs : le lamier à scies circulaires. Il termine heureusement sur une annonce optimiste : des gens se mobilisent pour faire évoluer les techniques et les pratiques.

Les oiseaux au jardin, quels arbustes, le nourrissage...
<a href="http://www.lesbeauxjardins.com/Oiseaux/jardin/arbustedecor.htm">http://www.lesbeauxjardins.com/Oiseaux/jardin/arbustedecor.htm</a>




Tressage, plessage, plessis, châtaignier, osier,
Comment tresser des clôtures, des claustras, des bordures de jardins moyenâgeux, des fascines... pour le style, l'esthétique, créer des formes originales, et pour la santé des cultures.

Le plessage de la haie champêtre : clôture vivante” par la Maison Botanique et l’Association Passages :
Maison Botanique 41270 Boursay - tél. : 02 54 80 92 01
Association Passages : Franck Viel - Le Champ Feuillet 72400 Avezé - tél. : 02 43 71 87 49


des sites :
haiesvives.org
missionbocage.com
engelleben.free.fr
promhaies.net
afahc.fr Association Francaise Arbre et Haie Champêtres













le 24 juin 2012
comuniqué de la CAPEN 71 (Confédération des Association pour l'Environnement et la Nature en S&L)


EPANDAGES AERIENS DE PESTICIDES : DANGER

Des sociétés vont demander des dérogations pour réaliser des épandages aériens sur des vignes du mâconnais et certainement ailleurs pour le maïs. Cette pratique est particulièrement dangereuse pour notre santé et menace aussi fortement les abeilles.

Une directive européenne du 21 octobre 2009 et la loi Grenelle II du 13 juillet 2010 interdisent l'épandage de pesticides par voie aérienne. Cependant, depuis la signature de l’arrêté du 31 mai 2011 relatif aux conditions d’épandage par voie aérienne, des produits mentionnés à l’article L. 253-1 du Code rural, les préfets sont autorisés à délivrer des dérogations annuelles aux sociétés qui souhaitent réaliser ce type de traitement. Dans la région Bourgogne, les sociétés et syndicats agricoles n’en sont pas à leur coup d’essai et continuent de demander des dérogations afin de pouvoir verser, de manière irresponsable comme ces dernières années en Bresse, des pesticides depuis des hélicoptères et des avions. Le problème est d’autant plus grave, d’un point de vue sanitaire, quand cette pratique est réalisée à proximité d’habitations, quand les enfants sont en vacances. Or, nous n’avons aucune indication de la localisation des surfaces d’épandage et la population est mal ou pas du tout informée.

France Nature Environnement et la CAPEN s’opposent donc fermement à ces dérogations délivrées par les préfets qui vont à l’encontre du plan Ecophyto dont l’objectif était de réduire de 50% l’usage des pesticides en France à l’horizon 2018. Nous militons activement contre l’utilisation massive de produits phytosanitaires dans l’agriculture car le constat sur l’environnement est accablant, particulièrement dans le Val de Saône et le bassin versant de la SEILLE .
Les pesticides déversés depuis les airs, sont soumis à la circulation du vent et n’atteignent pas leur cible dans 25% à 75% des cas (1). Les produits de traitement sont déviés vers les habitations situées parfois à 50 mètres ou plus du lieu d’épandage, polluent aléatoirement les cours d’eau et participent à l’extinction des abeilles. Lorsque l’on se dit que ces dernières sont responsables à plus de 80% de la pollinisation des fleurs et des fruits de la planète. Les traitements se font potentiellement courant juillet, une période à haut risque pour les insectes pollinisateurs (cf arrêté ministériel « abeille » du 28 novembre 2003).

Ces dérogations sont soumises à consultations publiques et les citoyens peuvent donc exprimer leur opposition vis-à-vis de l’épandage aérien qui tend à se généraliser dans les préfectures et sous-préfectures. Les épandages doivent être déclarés 5 jours au plus tard avant la date du traitement prévu, ce qui empêche de connaître précisément les conditions météo.

Nous conseillons donc de se rendre sur le site Internet de la préfecture (mentionnée en note de bas de page) ou directement sur place, afin de consulter les demandes de dérogation ( affichées en mairie ? ) et de joindre ses observations. Ces documents sont théoriquement mis à disposition du public pendant une courte période (2).

La CAPEN incite donc ses associations fédérées à être particulièrement vigilantes et à utiliser la fiche sentinelle pour lui signaler ces épandages dans les meilleurs délais ( localisation précise, témoignages, photos, conditions météo et topographie ..etc) . Rappelle que l’arrêté du 31 mai 2011 prévoit que l’opérateur respecte une distance de 50 m minimum des habitations, jardins, réserves naturelles, points d’eau,…et doit prévenir les syndicats apicoles 48h avant. Cet arrêté prévoit également une information préalable du public et de la commission départementale compétente ( CODERST ). Or la CAPEN est pour le moment écartée de cette instance.


(1) Etude INRA réalisée en 1997. Expertise scientifique collective "Pesticides, agriculture et environnement"

(2) Site préfecture : www.saone-et-loire.gouv.fr



Contacts :
thierry.grosjean5@wanadoo.fr
evelynejaninet@orange.fr

Pour aller plus loin dans l’information :
* www.fne.asso.fr - www.ogm-abeille.org





SENTINELLE DE L’ENVIRONNEMENT 2012
FICHE DE SIGNALEMENT

Après avoir constaté une infraction supposée, et le cas échéant averti les autorités compétentes(*), envoyez au plus vite les informations suivantes afin que nous puissions intervenir et/ou suivre le dossier. Joignez tout complément d’information qui vous paraitra utile, ainsi que des photos datées et localisées (ne pas les prendre depuis une propriété privée).

VOS COORDONNEES :

Nom :……………………………………………………..Prénom :…………………………………………………

Adresse :……………………………………………………………………………………………………………………………………

Numéros de téléphone :…………………………………………………………………………………………………

Courriel : ……………………………………………………………………………….

□ J’accepte que mon témoignage nominatif puisse être utilisé au cours d’une procédure en justice

La CAPEN s’engage à respecter l’anonymat des sentinelles de l’environnement. Sans leur autorisation, les informations nominatives restent à l’usage exclusif de la CAPEN et ne sont divulguées sous aucun prétexte.

COORDONNEES DE TEMOINS :





LOCALISATION DE LA DEGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT OBSERVEE

Commune et adresse :…………………………………………………………………………………………………………

Lieu-dit : ……………………………………………………Autres indications utiles :

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

DATE et HEURE DE LA DEGRADATION OBSERVEE

( dans la mesure du possible, joindre un croquis ou extrait de carte )

(*) Mairie, Préfecture, ONCFS, ONEMA, gendarmerie…( voir adresses utiles ).



TYPE D’ATTEINTE A L’ENVIRONNEMENT :

Indiquez ici le type de dégradation observée ( pollution d’une rivière, dépôt sauvage de déchets, brûlage, coupe rase, arrachage de haie, quads hors piste, atteinte aux espèces sauvages, travaux en zone humide …), ainsi que les éléments éventuels pouvant permettre d’identifier les auteurs.






ADRESSES UTILES (Prévenez-nous de toutes vos interventions, datées et gardez-en des copies – Les éléments à indiquer sont les mêmes que ceux de cette fiche, en évitant de nommer l’auteur de l’infraction ou en mettant au conditionnel)

ONEMA ( connaissance et surveillance des milieux aquatiques )/ 18 rue des Prés 71300 MONTCEAU les Mines – tél : 03 85 55 09 43 – courriel : sd71@onema.gouv.fr

ONCFS ( police de l’environnement et de la chasse ) / 14 rue des Prés 71300 MONTCEAU les Mines – tél : 03 85 58 32 80 – courriel : sd71@oncfs.gouv.fr

PREFECTURE : 196 rue de Strasbourg 71021 Mâcon Cedex 9 – site : www.pref71.fr – Bureau de l’environnement : dd71-sante-environnement@sante.gouv.fr – tél : 03 85 21 67 31

Vous pouvez aussi faire constater les faits par votre gendarmerie (17) : chaque brigade doit compter un référent « environnement et santé » (RAESP)
Sur la base de 2 textes : le Code de l’environnement et la réglementation sanitaire départementale




ENVOYER DANS LES MEILLEURS DELAIS POSSIBLE A :
CAPEN 71 – 7 rue de la Reppe 71370 OUROUX S/SAÔNE
Courriels : reseau.capen71@orange.fr
thierry.grosjean5@wanadoo.fr
Tél : 03 85 96 84 51 ou 09 71 38 89 64 ( le matin )
(répondeur – soyez bref et laissez vos coordonnées)


ETRE SENTINELLE, c’est bien – Adhérent(e) à la CAPEN , c’est encore mieux !

Stratégie Nationale pour la Biodiversité : un flop magistral

janvier 2016
COP 21, législation sur l’eau, organismes officiels, discours, colloques, plaquettes…
Qu’en est-il vraiment ? 




Face à l’effondrement de la biodiversité et au dérèglement climatique qui galopent, galopent, galopent… les politiques, les officiels, les entrepreneurs bourguignons ont choisi :
POURSUIVRE LES DESTRUCTIONS !

L’affaire de Saint Gengoux le National était déjà exemplaire à tous points de vue. Elle devient une démonstration. 


Devant la révélation des destructions antérieures dommageables à la tête de bassin versant où se trouve la cité médiévale, dommageables au patrimoine architectural et historique, dommageables à la biodiversité, au climat régional et global, à l’eau… l’eau consommée par les habitants, l’eau de tout l’aval jusqu’à la Méditerranée comprise, etc., les « décideurs » – tous sans exception – affirment la volonté inébranlable de poursuivre leur oeuvre de mort. Que voyons-nous sur leurs plans ? Là où le Ruisseau de Nolange a été enterré, après sa destruction sur 1 kilomètre en 1983 (1), le projet d’un nouveau tuyau d’eaux pluviales de 400 mm, et… en réponse à l’alerte pour la biodiversité, le climat et la qualité de l’eau, un nouveau « lit mineur » en béton d’un diamètre de 1200 mm enterré à côté des cuves de carburant en immersion dans la nappe phréatique d’accompagnement !
Euh, ya une nappe phréatique dans le lit d’un ruisseau ?

 
Notons encore que cet endroit appartient au lit mineur et au lit majeur d’un ruisseau de tête de bassin versant, par excellence le lieu visé par toutes les mesures de protection et de restauration décidées en France et en Europe, et financièrement soutenues, depuis le début des années 2000 – pour revenir sur les erreurs catastrophiques du passé. Mieux encore ! L’endroit fait intégralement partie de la tête de bassin versant, l’un de ces commencements des rivières et des fleuves, l’un des sites précieux que tous s’accordent à classer en priorité parmi les écosystèmes à sauver – précisément – de ce genre de vandalisme d’un autre âge. 

Attitude des administrations publiques en charge d’appliquer la législation en évolution pour protéger les écosystèmes du bien commun : entre omerta et soutien indéfectible aux destructeurs.

Gageons qu’ils vont tous accéder à la postérité.


C’est là :
Le lieu choisi pour réaliser un supermarché, un parking et… une station-service
« le terrain n’est pas traversé par un ruisseau » (le permis de construire signé par tous), 
« pas de surfaces relevant de la problématique zones humides » (la DDT et le préfet)…
(1) Le lit naturel du ruisseau et le bief du Moulin de la Boutière où il avait été détourné depuis le XVIIIème siècle ont été totalement détruits, avec une ripisylve ponctuée de grands arbres, avec leur biodiversité, probablement avec l’idée de changer les prairies humides du fond de vallée en terrains à bâtir. Le projet actuel est l’aboutissement de cette idée folle.




De la négation du ruisseau à sa réduction en « cours d’eau » et à son nouvel enterrement de première classe…
Les lois sur l’eau et « l’environnement » vidées de leur sens et réduites à l’impuissance par un vocabulaire inadéquat


Le développement de l’affaire de St Gengoux est exemplaire des « Contournements et détournements de la législation sur l’eau« * réalisés par ceux-là mêmes qui doivent faire respecter celle-ci pour sauver ce qui peut l’être encore, et l’avenir de la planète. 


Quand l’alerte a été lancée, il y a 8 ans, l’existence du ruisseau était outrageusement niée par tous. L’étude de terrain et historique a permis cette reconnaissance (mais pas la réalité de la falsification qui aurait dû faire annuler le permis de construire). Cependant, en jouant sur un vocabulaire juridique impropre, plus encore : sur un vocabulaire juridique réducteur changeant le vivant en un Meccano tripatouillable à merci (a), les négationnistes ont immédiatement glissé de la reconnaissance du « cours d’eau » – de l’eau seule, même morte – à la solution tuyaucratique en augmentant l’artificialisation de la tête de bassin versant avec ce projet de doublement du tuyau initial. 


Ainsi, en s’attachant à la lettre de textes mal écrits (ou trop bien ?), plutôt qu’à leur raison d’être – l’esprit des textes – les promoteurs et leurs zélés suivistes avalisent la destruction du ruisseau et de la tête de bassin versant, et l’aggravent au point de compromettre l’avenir, en enterrant l’eau dans une tuyauterie plus grande sous leur chère station-service – toujours sans la moindre considération pour la nappe phréatique qui affleure à la première pluie. 
Ainsi, la législation européenne et nationale a été détournée au point de servir à justifier une mise à mort définitive qui serait un coup de grâce pour tout l’écosystème, là où toutes les politiques affichées parlent d’urgente protection accompagnée d’opérations de restauration des ruisseaux enterrés et des têtes de bassin maltraitées.  


* Contournements et détournements de la législation sur l’eau, dans L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal
https://renaissancerurale71.wordpress.com/
(a) « cours d’eau » au lieu de ruisseau, c’est à dire écoulement d’un fluide au lieu d’écosystème aquatique intimement relié à toute la campagne alentour et à l’aval jusqu’à la mer.


Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. A l’inverse, le mauvais vocabulaire, ou le vocabulaire manipulé, ampute la compréhension et permet tous les détournements  :
 « Qui a le droit d’être libre, qui se sent le droit de réclamer à la société les conditions d’existence qui lui permettront de se vouer, s’il le veut, au travail d’une libération intérieure, celui-ci a également le devoir d’exercer cette liberté car si l’esprit ne se mobilise pas contre l’inertie du langage au sein de sa propre parole, il est en risque de voir les stéréotypes verbaux pénétrer ses démarches les plus intimes, usurper ses motivations, décider pour lui – en bref, faire de lui une chose, ce qui mettrait fin à notre aventure sur cette terre« 
Yves Bonnefoy à propos de ce qu’il nomme l’aliénation du langage, « Entretiens sur la poésie 1972-1990 », chapitre « Poésie et liberté »






 


décembre 2015

Dans la foulée de la COP 21, après les discours et les effets d’annonce, la pulsion de destruction court toujours…
Dénis et mensonges pour poursuivre les destructions et compromettre définitivement l’avenir

On pourrait longuement épiloguer sur les incohérences et contre-vérités qui figurent dans cet article ! Pour en faire le tour, mieux vaut se reporter à l’étude sur la tête de bassin versant dont il est question ici, mais sans jamais reconnaître celle-ci :
L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal – première partie : le Ruisseau de Nolange

L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal – seconde partie

 
Notons tout de même la négation des inondations à répétition du fond de vallée de Saint Gengoux le National (150 hectares inondables mesurés en 1875). L’histoire municipale et départementale en a gardé d’excellents exemples. Pour la période récente, après l’inondation de 1968, le Journal Officiel aussi a bonne mémoire : 2 submersions et coulées de boues en décembre 1982 et mai 1983, et, en juin 2008, une submersion plus importante et violente que celle (prétendue centennale) de novembre 2014. 


De négation de l’histoire en négation des évidences et des urgences actuelles, remarquons encore l’élimination comme chose négligeable de la législation sur l’eau et l’environnement, et le déni total d’un système aquatique exemplaire, une de ces petites têtes de bassin versant que toutes les instances européennes, nationales, régionales appellent à protéger et à restaurer. 


N’oublions pas que « le terrain » dont parle le journal est, contrairement à ce qu’insinue « le clan Schiever« , en intégralité dans le lit du ruisseau historique de la cité médiévale et qu’il est compris dans la tête de bassin versant comme, d’ailleurs, les prés qui lui succèdent vers l’aval. 


Arrêtons-nous un instant sur l’incroyable minimisation des crues centennales. Elles font pourtant référence partout pour les plans de prévention, et quelques catastrophes récentes démontrent que cela n’est pas un luxe – surtout avec le dérèglement climatique en cours ! Ce propos est d’autant plus invraisemblable – irresponsable – que la crue de référence en Saône et Loire est celle de 1840.


Notons encore l’oubli total, par tous, de la nappe phréatique d’accompagnement qui est, elle aussi, le ruisseau. En novembre 2014, c’est surtout elle que l’on a vu monter dans le pré, reconstituant le lit dont les « aménageurs » irresponsables l’ont privé. D’ailleurs, elle se manifeste lors de chaque période pluvieuse. 


Ah ! Encore une petite observation : et – encore plus spectaculaire que le dérèglement climatique – l’effondrement de la biodiversité dans tout ça ? Encore et toujours oublié par les décideurs, les corps intermédiaires et les arbitres, tous en rupture de biosphère !


Le sinistre sort de la tête de bassin versant de Saint Gengoux le National est exemplaire du déni écologique complet de l’ensemble de l’appareil politique et administratif. En 8 années de démonstrations, pas de concertation, jamais un échange constructif, les amorces de contacts systématiquement avortées et la mystérieuse disparition des interlocuteurs, les oublis, les mensonges, les portes closes partout… tout dit la faiblesse de la position officielle (?) prise au piège de ses contradictions, entre affichage d’une politique de protection des eaux et de sauvetage des têtes de bassin versant, déclarations solennelles sur la biodiversité menacée et annonces tonitruantes sur le contrôle du dérèglement climatique, et… poursuite forcenée des destructions. Une attitude criminelle, surtout au vu de l’ampleur et de la rapidité des effondrements et dérèglements en cours.
 
Sur ce qui devrait prévaloir : 
Les têtes de bassin versant : des territoires à préserver

Plan de bassin d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau
Une campagne de l’Agence de Bassin Rhône Méditerranée dont dépend la tête de bassin de Saint Gengoux le National :
Eau et changement climatique : adaptons-nous !
à propos de crue centennale… c’était en 2008



le « terrain à bâtir » en novembre 2014
Pire en 1983, en 1981, en 1968, etc.



En amont de la cité, le Ruisseau de Nolange déjà saccagé



 
Le Ruisseau de Nolange avant les saccages.
Ce qu’il pourrait redevenir dans l’intérêt de tous aujourd’hui et demain.